Les militants anti-LGV ont marché sur le tracé de la ligne.
Flâner pour mieux protester. Mais surtout pour éviter la vitesse. C’est le message que voulaient faire passer les opposants au projet de LGV. Et ils étaient environ 400 hier à déambuler le long du tracé de la ligne à grande vitesse.
Suivant deux itinéraires possibles, ils ont avancé dans la boue, aidés pour certains d’un bâton de marche. Un groupe est parti de Biriatou, l’autre de Ciboure. « Ils ont longé la Nivelle et sont passés par la forêt. Ils ont découvert des chênes têtards et des espèces protégées qui risquent d’être amputés ! », explique Pierre Recarte, l’un des organisateurs, et coauteur du livre « Les Rails de la déraison ».
Soutenir la causeDans la foule, il y a tous les âges. François Kalflèche est venu manifester avec sa fille. « J’habite la dernière maison de Ciboure. Je me sens concerné par cette proximité ! » Certains opposants viennent de loin. Des Parisiens et même un Argentin, tout droit arrivés du village alternatif qui se tient en ce moment à Mouguerre-Elizaberri, à 10 km de Bayonne. « Il est vital pour moi de m’associer à la marche. Je me sens concerné parce que c’est l’argent de l’État français qui est investi ici. Je ne suis contre rien, je veux juste qu’on réfléchisse à la manière d’utiliser ces sous pour les infrastructures », explique Hervé Krief, un musicien de 40 ans, originaire de la capitale.
Un « projet désastreux »Ils sont tous d’accord là-dessus : « le projet de ligne à grande vitesse est inutile, désastreux et coûteux ! » « Les lignes de trains existantes sont sous-exploitées. On pourrait remettre à jour ce qui existe au lieu d’en créer une nouvelle ! », insiste Pierre Turpin, un marcheur de 60 ans, en provenance de Lourdes.
Le récent rapport du Conseil général de l’environnement et du développement durable prévoit une saturation du transport ferroviaire d’ici à 2035. « Ce document est truffé de fausses informations », renchérit Pancho Tellier, le président de Nivelle-Bidassoa, l’association à l’origine de la marche.
« C’est un projet décidé à l’encontre et à l’insu de la population ! », insiste l’un des opposants.
L’argument écologique est également brandi. « Il n’y a pas d’urgence à construire ! Avec cette ligne, des maisons et des exploitations agricoles vont être touchées ! », rappelle Victor Pachon, le président du Collectif des associations pour la défense de l’environnement (Cade).
Appuyer une action en justiceAu cours de leur marche, les militants ont également distribué des tracts aux voitures. « Il faut informer la population ! », justifient-ils. Les deux groupes se sont rejoints à Ibildox, en bordure de la route d’Ibardin, autour d’un repas festif, et, payant. « La manifestation a aussi pour but de faire rentrer des fonds puisqu’on arrive maintenant dans la phase juridique. On va déposer un recours contre le vote des »conseillers généreux » qui ont validé le tronçon Tours-Bordeaux », conclut Pancho Tellier.
Le Sud Ouest du 150711